Très par hasard, cet article m'est tombé sur la dalle (l'écran quoi) une nuit où je trouve pas le sommeil. Ce plaidoyer, que dis-je, ce vrai coup de gueule, mérite que vous vous y attardiez. Ce "J'en ai marre de m'excuser", rédigé par Mircéa Austen, est un hurlement jeté à la face d'un "monde trop sexiste qui l'épuise".
Je sais pas pour vous, mais moi, ça me rappelle furieusement quelque chose: la pression épuisante du monde hypersexualisé qui nous entoure. Mircéa n'est pas asexuelle. Elle est féministe. Une autre tare pour certains.
N'empêche, ce qu'elle avance résonnera sans doute pour vous: pourquoi s'excuser d'être ce que je suis, et de me sentir bien de l'être? Pourquoi se sentir honteuse / honteux, parce que quelqu'un d'autre vous assène sa vérité à grands coups de culpabilité?
Cet article est une évocation du joug du sexe et de sa place dans notre société, vu d'un autre angle que l'asexualité. Celui d'une femme, dans sa vie de tous les jours. Et avant cela, dans sa vie de petite fille. Car le sexe sociétal nous tend ses filets dès la couleur de layette, et les premiers déballages de cadeaux (Barbie et Ken, légos pour les garçons et dînette pour les filles... Pourtant, je rêvais du tour de potier et de l'atelier du petit chimiste moi).
Je vous invite vraiment à le lire: c'est une bouffée d'air, écrite par une non-A (probablement), qui pourra vous rasseoir dans votre légitimité de personne asexuelle, si vous ne l'étiez pas encore. Ce qu'elle y avance vaut aussi pour l'asexualité.
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Voici l'article: Ce Monde sexiste m'épuise. Mircéa Austen sur madmoizelle.com, à lire d'urgence.
En voici quelques extraits:
"...En terme de pédagogie j’ai tout sorti, j’ai appris les chiffres, les statistiques, j’ai expliqué la culture du viol à des violeurs qui s’ignoraient encore, convaincus d’avoir donné à cette « salope », ivre jusqu’à l’inconscience, ce qu’elle voulait. J’ai aussi pris le risque de me fâcher avec des proches pour garder le droit d’enfiler mes shorts courts. Aujourd’hui je veux que l’exigence de pédagogie change de camp. Je veux qu’on m’explique pourquoi il est normal que des gamines de 14 ans, pour supporter les changements de la puberté et calmer leurs angoisses et leur mal-être, se réfugient en masse dans un idéal impossible à atteindre d’esthétique parfaite, et s’affament à en prendre le risque de mourir. Je veux qu’on m’explique pourquoi mes droits constitutionnels sont niés, constamment remis en question, à commencer par le droit à me déplacer librement dans tout le territoire français — ouais, même à Châtelet et gare du Nord.
.../...
Je veux qu’on m’explique pourquoi je suis d’abord un objet sexuel, et ensuite seulement une citoyenne payant ses impôts ; pourquoi, bien que diplômée des meilleurs cursus, j’ai statistiquement toutes les chances d’être moins payée qu’un homme, et pourquoi ce constat qui serait considéré comme une preuve de racisme ailleurs est réduit ici au simple phénomène de société, un marronnier pour la « journée de la femme ».
Aujourd’hui je veux que les excuses changent de camp.
Que les « incultes » qui en restent à ce que les médias expliquent du féminisme s’excusent de ne pas prendre le temps de se renseigner davantage, de lire davantage, de discuter davantage. Je veux que les publicitaires s’excusent de promouvoir un idéal morbide dont les conséquences sont concrètes et meurtrières. Je veux que les politiques s’excusent de traiter la cause de 52% de la population française comme une cause « accessoire ». Je veux que les entreprises s’excusent d’estimer que nous valons moins qu’un homme."
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