Suis-je ou pas asexuelle? Probablement comme beaucoup d'inscrits sur ce site de rencontre, je pensais avoir des problèmes en constatant que les rapports physiques ne m'intéressaient pas beaucoup. Avant d'entendre parler d'asexualité. Mais comme j'éprouve parfois du désir physique, je me suis posée la question: est-ce je deviens asexuelle? Qu'est-ce qui a pu me faire évoluer vers l'asexualité?
En m'interrogeant, je m'aperçois que plusieurs facteurs ont joué. Je peux éprouver parfois un désir très fort. Mais la fréquence de ce désir s'émousse dans le temps.
J'ai remarqué aussi que, à voir de plus en plus de sexe partout, je me sens envahie et agressée par ça.
Au point que voir des acteurs se rouler des pelles (pardon pour l'expression) arrive à me dégoûter aujourd'hui. Alors que ça ne me faisait ni chaud ni froid avant. Et même que j'étais très loin de me cacher quand j'explorais les nuances du french-kiss avec mon premier petit ami. On s'était même fait eng... par une maman à la plage....
Seulement voilà, aujourd'hui, la sexualité exerce une vraie pression, tout le temps. Le dégoût a commencé avec les videos des tubes de musique. Les femmes, qu'elles soient la vedette ou les faire-valoirs, sont devenues de plus en plus sexualisées par cette industrie. J'avoue que ça me dérange. Je ne regarde plus les clips à cause de ça. Tous les clips ne sont pleins de nana S, mais difficile de regarder une émission sans qu'il y en ait plusieurs bien torrides, pour ne pas dire autre chose. J'en ai discuté avec des copines, des mamans, elles pensent toutes pareil.
Sur les pubs, ils se sont un peu calmés heureusement. Quand je vois toute ces femmes hyper-sexualisées, j'ai l'impression d'être moi-même un morceau de viande offert à tout le monde. Et que ce que l'on verra de moi, c'est forcément une image liée au sexe.
Au travail, en sortie, dans la rue, sur le net, dans les magazines, chez les peoples, et même maintenant chez les politiques, tout le monde se la donne aujourd'hui, genre le sexe y a que ça de vrai, je pratique, je suis libéré(e), aventure de quelques soirs juste pour le plaisir sexuel et les relations coquines, etc. L'adultère, les aventures d'un soir ou deux, ça fait in et branché.
Moi, ça me fatigue. Ça me fait le même effet que quand j'ai un copain qui est tout le temps après moi. S'il me fiche la paix, j'ai envie toute seule. Mais la plupart des hommes, dès que vous les approchez, que vous avez envie d'être dans leur bras, qu'il vous masse ou que vous les massez, ça se termine toujours par une partie de jambe en l'air.
Et ça franchement, y en a marre.
Que j'aimerais pouvoir me lover contre mon chéri sans que ça finisse tout le temps comme ça. Et en prime, quand on leur dit, ils le prennent mal: ils se sentent rejetés. Du coup, on passe à la casserole au lieu de faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime, et avec plaisir.
Et plus ça va, mois on en a envie: logique... T'as beau aimer un gâteau, si on t'en fais bouf... tous les jours, ou même toutes les semaines, alors que t'as pas faim.... ça finit par t'écœurer des gâteaux!!!!
À quoi s'ajoute trop de rencontres où j'ai eu le sentiment que les hommes ne s'intéressaient qu'à ça. Je me suis fait draguée souvent, mais trop souvent, juste pour la bagatelle. Si bien que j'ai fini par devenir distante. J'en avais marre qu'on ne m'approche que pour ça. Et que ces hommes que j'ai croisés ne se soient jamais intéressés à mes centres d'intérêts, à ce que j'aime, à mes connaissances, à mes valeurs, à mon histoire, à tout ce que je sais faire.
On saupoudre tout ça d'histoires échouées qui m'ont fait beaucoup souffrir émotionnellement: ça aussi ça éloigne. On n'a plus confiance, on a peur de retomber amoureuse. Et moi, je peux pas faire l'amour si je suis pas amoureuse, et en confiance, ou que je ne me sens pas respectée et qu'on n'est pas attentionné à mon égard.
Plus j'y réfléchis, plus je pense que c'est un peu tout ce mélange qui m'a éloignée de plus en plus du plaisir et du désir physique. Donc, je suis asexuelle: oui et non.
J'ai juste envie qu'on me laisse vivre mes envies de faire l'amour à mon rythme, et que quand j'ai juste envie de tendresse, ce soit possible, sans avoir la soupe à la grimace quand je dis que j'ai pas envie.
J'ai envie d'être rassurée en me disant que si je suis nue à côté de mon chéri, il ne vas pas obligatoirement me sauter dessus. Ou que quand je me réveille à ses côtés le week-end pour flâner ensemble, ou que je me couche le soir avec, la casserole ne soit pas toujours dans les draps avec nous...
Commentaires
et oui la femme est un morceau de viande s'est se que je ressent aussi .
un très grand merci à ce beau témoignage que nous livre H1mself.
Je crois profondément que dès les hommes livreront plus facilement ce genre de vécu personnel, et seront plus nombreux à le faire, les rencontres entre hommes et femmes asexuelles seront plus aisées.
Chacun des deux ayant conscience que oui, ça existe bel et bien, pour les deux sexes, avec la même recherche de vie et de relation de couple. Sauf qu'à ce jour, la pression sociale empêchait de se sentir bien avec ça.
Aujourd'hui, fi de cette pression sociale: nous savons maintenant, en tant qu'asexuels, que ce vécu existe des deux côtés. Peu importe que la société ou les non-A ne le comprennent pas. L'important, c'est de trouver la personne avec laquelle ceci sera compris, accepté, et vécu sereinement. Dès lors, c'est la porte ouverte à une vie de couple comme toute autre vie de couple, avec tous ses bonheurs et ses joies, et toutes ses complexités.
Et que affirmer son asexualité soit autant le fait des hommes, que celui des femmes.